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Aurélien & Antoine : « La formation à Sainte Marthe nous a permis de nous confronter à la réalité de maraîchers »

Aurélien et Antoine ont des parcours assez distincts, le premier pratiquait une activité professionnelle tournée sur l’art et le second est diplômé en ingénierie, mais ils ont un point commun : ils ont décidé de changer de voie, d’effectuer un retour à la terre et se sont passionnés pour les pratiques agroécologiques. Grâce au projet Biofermes, ils ont pu suivre une formation technique et de terrain de 4 mois 1/2 sur les fermes du Bec Hellouin et de Sainte Marthe. En septembre 2017, ils ont répondu aux questions de SOL. Découvrez leur témoignage riche et inspirant.


SOL : Pouvez-vous nous en dire plus sur votre parcours et ce qui vous a amené à venir vous former à Sainte Marthe puis à la ferme du Bec Hellouin ?

Aurélien : Auparavant photographe retoucheur, je suis actuellement en projet de reconversion professionnelle avec une forte envie de changement. L’élément déclencheur de cette volonté de changement de vie a été pour moi un collègue qui m’a transmis des liens sur le sujet. Je me suis alors documenté et d’une lecture à l’autre je me suis dit pourquoi pas. Ma boîte a alors proposé un licenciement que j’ai accepté, c’était une opportunité à saisir pour quitter Paris et son quotidien énergivore. Dans les recherches de formation, la ferme de Sainte Marthe est vite apparue comme l’une des rares dans le domaine qui était financièrement abordable pour moi. Le format pas trop long me convenait bien, j’ai trouvé que c’était un bon moyen de commencer, pour aller voir et me tester. Avant d’arriver à Sainte Marthe j’étais un urbain, la formation m’a permis de mettre les mains dans la terre tout en ayant un cadre et d’initier le citadin que j’étais, à la vie paysanne.

Antoine : Après des études d’ingénieur puis 3 ans en tant que manager dans une grande entreprise le déclic a été pour moi la lecture de L’Agroécologie, une éthique de vie de Pierre Rabhi et Jacques Caplat. C’était une phase de ma vie où je recherchais à construire quelque chose. Je me suis projeté dans la maison de campagne de mon père ! J’ai fait le choix de venir me former à la ferme de Sainte Marthe du fait du format pas très long et abordable de ses formations. L’intérêt de la formation étant que celle-ci balaye de nombreux sujets et non pas uniquement que le maraîchage.

SOL : Grâce au projet Biofermes, vous avez pu poursuivre l’aventure dans la ferme du Bec Hellouin*, qu’est ce qui a motivé votre choix ?

Antoine : Après la formation Agriculture Biologique et filières à la Ferme de Sainte Marthe, nous souhaitions pouvoir mettre en pratique tous ce que nous avions appris et continuer à nous former sur le terrain. SOL nous a proposé de continuer le parcours par une formation de mise en pratique à la Ferme du Bec Hellouin, c’était une super opportunité pour nous. Je compte personnellement m’orienter vers la micro agriculture, le Bec Hellouin me permet donc de me former dans ce domaine car c’est un des rares centres où ces techniques sont testées. Aussi le lien avec la recherche qui est fait à la ferme sur cette nouvelle agriculture à inventer est très intéressant.

Aurélien : La ferme du Bec est un point de référence, au croisement de techniques différentes et qui accorde beaucoup d’importance à la planification des activités et à l’esthétique de ce lieu de vie. Ce dernier fourmille d’idées et accueille de nombreux publics engagés sur ces thématiques. C’est une très belle opportunité qui nous a été offerte et qui nous a permis de découvrir la réalité de ce lieu maintenant très réputé.

*la ferme du Bec Hellouin est une des 7 petites fermes formatrices agroécologiques qui a déjà rejoint le réseau

SOL : Qu’est-ce que ces formations vous ont apporté dans votre parcours de reconversion ?

La formation à Sainte Marthe nous a permis de nous confronter à la réalité de maraîchers. Cela a confirmé notre choix et nous a donné un aperçu de la diversité des tâches et des compétences que requiert cette activité. De plus, nous avons pu tisser un vrai réseau parmi les stagiaires de la formation, et des amitiés sincères.

Au Bec Hellouin, nous avons découvert l’association des cultures, l’intégration de la biodiversité (mares, arbres, fleurs, animaux) aux zones de culture et surtout l’importance primordiale de l’organisation pour être efficient au quotidien.

S’il n’est pas possible d’envisager une reproduction de ce lieu exemplaire à l’identique en peu de temps pour nous, du fait de la diversité des activités qui y sont menées et des énergies humaines qui permettent son succès, la ferme reste pour nous une expérience extraordinaire qui nous permet de nous projeter et de travailler sur la suite de nos projets respectifs.

SOL : Pouvez-vous nous décrire l’organisation de votre formation dans ces deux fermes ?

À Sainte Marthe, nous étions 33 stagiaires à suivre la formation de 50 jours. Au Bec Hellouin, nous y passons 2 mois, et dont 4 jours à Sainte Marthe pour suivre une formation en conservation et reproduction des semences.

Au Bec, nous sommes très bien encadrés par Teddy, notre formateur comme avec le reste de l’équipe. La journée, on travaille toujours tous ensemble sur une activité (repailler les allées, désherber, récolter, etc).

SOL : Pensez-vous à terme reproduire vos propres semences ?

Aurélien : Les semences sont une thématique cruciale mais elles demandent aujourd’hui du temps et de l’espace pour un maraîcher qui voudrait cultiver en toute autonomie. Je crois plutôt aux solutions collectives pour remettre au goût du jour les semences paysannes comme par exemple créer des jardins de semences collectifs au sein des villes ou des communes.

Antoine : Le sujet des semences me fascine, il me prend aux tripes et me donne de l’adrénaline ! C’est un sujet très important, point central de l’autonomie. Je commencerai petit mais j’espère pouvoir multiplier mes semences à terme sur ma ferme.

SOL : Pouvez-vous nous en dire plus sur votre projet de ferme ?

Antoine : Je suis chanceux, j’ai la possibilité de m’installer dans le Haut Var sur un terrain que possède mon père mais l’accès est compliqué et il n’y a pas encore d’accès à l’eau. Si ce terrain est aujourd’hui le support de mon projet, je n’ai pas encore pris ma décision quant à m’installer là-bas ou non. L’idéal pour moi serait de monter un projet collectif avec 3-4 personnes, pas seulement en maraîchage mais avec des activités complémentaires dans l’arrière-pays de Marseille.

Aurélien : De mon côté, je n’ai pas encore de terrain mais je souhaite m’installer vers Bordeaux. Avec un projet de maraîchage sur petite surface inspiré du modèle du Bec Hellouin ou encore de la Renaudière. J’aimerai combiner cette activité avec ma deuxième passion : le karaté et continuer à me former notamment en construction. À termes, je souhaiterais, pourquoi pas, développer la formation, et contribuer à la transmission de ces savoirs qui est cruciale aujourd’hui, en offrant la possibilité à des futurs installés de venir également se former dans ma ferme sur un format de formations longues.

SOL : Quels sont pour vous les prochaines étapes de vos parcours respectifs ?

©Dagmara Bojenko Photographe

Aurélien : Je souhaite continuer à me former notamment en charpente, en bricolage et faire un tour de France des fermes avec le maraichage comme fil rouge pour murir mon projet.

Antoine : J’ai obtenu un CIF (Congé Individuel Formation) pour suivre un BPREA (Brevet Professionnel Responsable d’Exploitation Agricole) à partir de décembre dans la Drôme axé sur l’agriculture biologique qui me permettra de continuer à me former et finaliser ensuite mon installation.

SOL : Comment appréhendez-vous l’avenir ?

Aurélien : Je ne suis pas un militant dans l’âme, j’ai juste envie de faire autrement, et d’être la preuve que mon projet fonctionne. Je fais avant tout ce projet pour moi. Je n’ai pas d’inquiétude quant à l’avenir de mon projet. En définitif, je suis plus dans le « faire » que dans le « dire » sa vie.

Antoine : Je n’ai pas d’inquiétude pour l’avenir. Je n’ai ni famille à charge, ni emprunt donc je suis assez libre. En plus, si je m’installe sur le terrain de mon père, j’aurais beaucoup de chance car, contrairement à d’autres personnes qui souhaitent s’installer, j’ai déjà les terres !

C’est peut-être de l’orgueil mal placé mais j’ai confiance en moi. Tout est bien organisé dans ma tête et je vais pouvoir réutiliser tous ce que j’ai appris lors de les formations.

SOL : Souhaitez-vous ajouter un mot ?

Antoine : Merci pour cette formation qui est une très belle opportunité. Mon séjour à la ferme du Bec Hellouin m’a permis d’envisager mon projet et de voir comment je souhaite que ce soit chez moi. Ce fut deux mois de bonheur quotidien.

 

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